Démocratie et Responsabilité

Une chose que je remarque à propos de la démocratie, c’est que celle-ci est souvent citée comme le Graal ultime de notre civilisation. Comme le plus beau progrès qu’on ait pu faire et qui, par lui-même, fait que notre société est intrinsèquement moralement excellente. On parle de la démocratie comme étant un synonyme de liberté et d’indépendance et également comme l’opposé d’un totalitarisme qui ne peut être que la pire des choses pour l’Homme.


Cependant la démocratie n’est rien de tout cela. Elle est avant tout le choix de mettre la responsabilité de la politique sur l’ensemble du peuple. Ce n’est en rien une formule magique qui est la solution à tous nos maux. Je pense que l’on ne parle pas assez de cela : de la responsabilité qu’on les citoyens par rapport aux questions politiques. Et cette responsabilité n’est jamais abordé dans le débat social, ou en tout cas pas en ces terme.

On pourrait également discuter sur la réalité démocratique de nos sociétés. On peut argumenter que le côté démocratique n’est pas en essence la première qualification qu’on pourrait faire de nos sociétés occidentales et qu’un système oligarchique sera bien mieux adapté à leur description, mais ce n’est pas la discussion que j’aimerai avoir ici.

Il est vrai que de nombreuses fois, le peuple prend des initiatives. On peut l’observer dans les mouvements actuels, comme BLM ou les gilets jaunes, mais ces mouvements sont réactionnaires. Ils apparaissent lorsqu’une communauté ou une certaine partie de la population subie plus d’oppression qu’elle ne peut le supporter et donc explose presque littéralement pour essayer de se faire entendre. J’ai donc du mal à y voir de la responsabilité alors que, justement, ces mouvements naissent d’un besoin déjà présent.

La responsabilité de l’individu dans une société démocratique ne doit pas être réactionnaire. Cela doit se manifester avant tout par une consciente de cette responsabilité et l’acceptation de ce poids qui mène à une proactivité de la part des individus. C’est à tout moment qu’on doit se concerter et se poser les questions de politiques. Attendre que tout brûle et seulement à ce moment se rendre compte effectivement des problèmes n’est pas ce que j’appellerai être responsable.

Je reconnais que c’est quelque chose de très difficile à mettre en place. Cela requiert une curiosité politique de la part de l’ensemble des individus et une volonté de travailler dans la résolution des différents défis que peut proposer le vivre ensemble dans nos sociétés très complexes. En plus de cela, nos démocraties sont conçues sur un modèle de représentativité, qui tout d’abord est tout sauf inclusif, mais qui également décharge cette responsabilité de l’individu dans des institutions et des élus qui sont sensés l’incarner.

Je reste convaincu que la notion de responsabilité reste absente de la notion de démocratie qu’on observe autour de nous et cela nuit gravement à l’existence d’une démocratie pleine et entière. Je sais cependant que le débat pour savoir si l’on peut faire confiance à l’ensemble des individus pour mener à bien le destin d’une société à beaucoup de détracteurs. Mais comme je l’ai écrit : la démocratie n’est en rien une solution, elle n’est qu’une prise de responsabilité. Combien de personnes sont prêtes à la prendre entre leurs mains ?

Le Débat Social

Une chose que je trouve n’est jamais valorisée à sa juste valeur est le débat social. Celui-ci est la base de la démocratie et devrait être considéré comme tel. Je ne parle pas des débats entre experts, ni de l’existence d’une pluralité politique des médias. Même si cela est plus que discutable avec le concept de chiens de garde, mais je ne vais pas parler de cela ici. Je parle du débat au sein des citoyens, par le peuple au sujet de la politique. Je sais que les gens parlent souvent de politique, ont des avis et idées, mais c’est vraiment le débat auquel je m’intéresse ici, ou plutôt à la discussion.

On n’enseigne pas, dans nos sociétés à discuter de politique. On aurait même tendance à dire à nos enfants le contraire, parce que cela risque de fâcher certaines personnes. La fameuse image du repas de famille parle de l’affaire Dreyfus me vient en tête. Mais c’est là ou est le problème. Souvent, les sujets sont des sujets que les personnes tiennent à cœur, que cela les touche et que leur réponse est dite avec émotion. Il faudrait mettre plus d’importance sur la capacité de parler de sujet qui sont importants pour nous. A nous contrôler et à penser nos idées avec calme. Cela vient principalement, à mon avis, de deux aspects. Le premier est le manque de compréhension du sujet lui-même. Ce n’est pas parce qu’un certain sujet est important pour quelqu’un que celui-ci va se renseigner à propos. Et je pense que l’on temps à se frustrer à s’énerver si on se rends compte de nos limitations à s’exprimer sur un sujet ou pouvoir argumenter en retour. Le deuxième aspect est le manque de volonté à entendre les arguments, ou même l’avis, d’une personne en désaccord. Aucune emphase n’est mise sur l’écoute de l’avis différent, de l’autre et des arguments opposés.

Ce que je trouve aussi surprenant, c’est comment le système est implémenté dans nos démocraties représentatives. On nous demande de voter pour quelqu’un, ou contre quelqu’un. C’est cela l’acte démocratique. On nous demande oui ou non. Pas d’avoir une pensée complexe et d’être capable de discuter. De la même manière, en Suisse ou l’on vote pour des projets de loi, la question est aussi de savoir si on approuve un sujet ou non. Ce n’est évidement pas le seul acte politique, les nombres manifestations sur des sujets divers en sont la preuve, mais ce n’est pas une part intégrante des institutions décisionnelles.

Un autre aspect important est la difficulté d’aborder un sujet et être capable d’en discuter. Il faut beaucoup d’humilité intellectuelle pour ne pas être englué dans la mauvaise foi. Il faut également une volonté d’apprendre, notamment de l’autre et de son point de vue. De plus il ne faut pas oublier que les sujets sont parfois complexes, ils ne sont pas tout blancs ou tout noirs et que pour beaucoup de sujets sociétaux, il n’y pas de réponses sans concessions, sans points négatifs. Il faut aussi voir les échanges comme des discussions et non comme des débats ou un vainqueur doit être désigner à la fin.

Il y a également la diabolisation de la différence politique. On passe d’un concitoyen que l’on doit chercher à comprendre et à trouver un compromit de vie, à un opposent politique, au diable en personne. Peut-on discuter avec un nazi ? C’est la question cruciale. Je pense que oui, on peut discuter avec n’importe qui, de n’importe quelle idéologie politique du moment ou la personne assise en face souhaite également discuter.

Bien des aspects et problématiques que j’ai soulevés pourraient être améliorés et résolues si on enseigne la discussion politique. Si on encourageait, si on s’encourageait, de même que si on encourageait nos enfants, à avoir des discussions sereines. C’est le manque d’emphase sur la discussion et de volonté d’avoir un avenir commun avec les autres qui nous poussent à rejeter la discussion. C’est plus difficile et cela demande plus travaille, mais si on veut travailler pour une société démocratique et y vivre c’est le chemin qu’il nous faut parcourir.

Développement et Civilisation

Les romains parlent de la lumière de Rome face aux barbares. L’Europe a parlé d’abord d’instaurer la chrétienté face aux païens, puis la lumière de la civilisation occidentale face aux peuples non-développés. Aujourd’hui encore le discours est celui du développement face à la barbarie. Il vaut mieux avoir un peuple sachant lire et écrire qu’analphabète. Il vaut mieux avoir un imposant PIB qu’un petit et être un « pays en voie de développement ». On classe les pays en usant des facteurs macro-économiques qui montrent bien la position humaniste du monde. La logique qui se prétend universelle et construite par l’occident des droits de l’Homme prétends détenir les clés du bonheur humain.

Sans entrer dans une logique du choc des civilisations, il faut reconnaître que cette logique de développement est l’héritière directe de la volonté d’expansion occidentale d’apporter la bonne parole au monde. Les droits de l’Homme sont d’ailleurs explicitement universels par leur définition. Les autorités mondiales de gouvernance et de référence, comme la Banque Mondiale par exemple, suivent la même logique universaliste.

Ces critiques et observations ne sont pas nouvelles. Et d’ailleurs les arguments qui accompagnent ce discours sont les mêmes que ceux d’avant. On dit que l’histoire est un éternel recommencement, mais je ne pense pas que cela soit le cas ici. Pour moi, on a juste affaire à la même idéologie, seulement transformée pour mieux s’accaparer de la robe de la moralité dominante, qui cherche à s’imposer comme la seule et vraie voie à suivre pour le monde. Ce qui m’impressionne toujours, ce que cela manque toujours de la même chose, cela manque d’humilité qui rendrait la chose bien plus agréable, moins totalitaire et surtout plus humaine.

L’Impasse Humaniste

L’humanisme est un échec. La volonté et l’idéologie issue du siècle des lumières montre actuellement, après un siècle ou l’on a pu observer les pires dérives violentes de l’humanisme. L’Homme est Homme. Cela peut paraître quelque peu primitif et simpliste de le rappeler, mais c’est pourtant un aspect qui est totalement occulté par les humanistes. La volonté de progrès humaniste s’écroule en face de cela. On peut prendre tous les facteurs socio-économiques que l’on souhaite, et effectivement y voir un certain progrès en les observant. Encore que cela se traduit plutôt dans une augmentation du pouvoir d’achat et, bien qu’en étant très bien, je trouve cela bien loin d’une quelconque amélioration, ou même de quelque changement, spirituel de l’homme.

Les derniers progrès permettent à l’humanité de crouler de plus en plus sur elle-même. Un nombrilisme qu’on choisit nous même de d’acheter et on n’a pas changer depuis La Boétie. Des étoiles, on est très vite retourné se regarder soi-même et nos écrans. Les fake news gouvernent de plus en plus les discussions, et les tentatives sont trop inefficaces pour faire avancer quoi que ce soit. On préfère choisir nos vérités, choisir ce que l’on veut entendre, parce que c’est beaucoup plus facile que de devoir se battre contre nos préjugés et fausses idées. C’est une excellente image contemporaine de la faiblesse de l’Homme.

Nous voici dans une impasse. On peut choisir abandonner toute tentative de trouver le Paradis sur terre et peut-être qu’une société beaucoup plus anarchique et primitive sera ce qui est de mieux. Une autre voie sera peut-être celle de l’évolution. L’évolution de l’Homme par L’Homme lui-même dans le but de se surpasser tout en se détruisant, on appelle cela le transhumanisme.

Cependant, une troisième voie est peut-être la clé. Une voie dans laquelle on peut s’épanouir tout en restant nous-même. Si l’on accepte la médiocrité de l’Homme, nos faiblesses, nos peurs, nos biais peut-être que les portes du Paradis se trouveront ouvertes pour nous. Nous accepter-nous même, en tant qu’espèce sera peut-être notre prochaine étape. Mais je suis sceptique sur cela, la volonté d’insatisfaction et de vouloir se transcender, comme individu et comme peuple, n’est ce pas ce qui nous caractérise comme humains après tout ?

La religion par un athéiste

Je suis d’une culture scientifique depuis tout petit, alors bien évidement j’ai toujours eu un rejet ferme de la religion. La notion de croyance en un dieu puissant me paraissait stupide et les histoires chrétiennes pas très intéressantes. Même avec un peu de catéchisme, je n’y trouvais rien d’intéressant mise à part le côté culturel. En essayant d’en parler autour de moi, je n’ai malheureusement trouvé que des personnes qui, soit rejetaient la religion et tout ce qui va avec en argumentant que c’était du n’importe quoi, ou des personnes disant que chacun peut croire ce qu’il veut et qu’il ne faut laisser tranquille les croyances des gens. Je trouve que cela est vraiment un problème, rejeter tout un système complexe et s’étalant sur des centaines d’années parce qu’on en rejette les prémisses est particulièrement stupide. On peut toujours apprendre plein de choses de quelque chose malgré notre désaccord. Pour le second argument, c’est presque tout aussi insultant pour la culture de vouloir juste la laisser dans un coin et ne pas s’y intéresser au-delà d’une sorte de respect poli.

Le problème est que les religions sont très complexes et l’interprétation des textes ou rituels change avec le temps. Et dans tout cela, il y a beaucoup à apprendre, sur soi, sur la vision de la vie qu’elles peuvent proposer et sur des leçons de vie dont on a toujours besoin. C’est vraiment dommage de passer à côté d’une telle richesse. Bien sûr il y un certain nombre de choses qui sont désuètes et qui apparaissent aujourd’hui comme racistes ou sexistes. Il faut faire un choix dans ce que l’on prend et apprends des religions. Mais elles ont encore beaucoup à nous apprendre encore aujourd’hui.

Las religions sont apparues comme réponse au besoin spirituel de l’Homme d’avoir un guide moral et une mythologie qui disent d’où il vient. Aujourd’hui je pense qu’on se trouve dans une impasse dans laquelle la vision humaniste est de moins en moins pertinente, l’approche scientifique peine sérieusement à répondre à nos questions et un regard sur ce que propose la religion peut nous apporter beaucoup.

La Politique d’Identité face à l’Individualisme

La politique d’identité a pris une grande importance ces dernières années et notamment dans les mouvances de gauche, notamment les mouvements féministes et les mouvements de défense LGBTQ. A l’opposé du spectre politique, la droite dure rejette fortement ce concept, en le disant dangereux, et préfère se concentrer sur une approche individualiste de la société en se concentrant sur l’individu. Et c’est presque une guerre inconciliable qui voit ces deux camps s’affronter. Pour moi, au contraire, ils sont conciliables et sont de plus également important dans le discours d’analyse social et de politique.

La politique d’identité se concentre sur l’appartenance à un ou des groupes sociaux. Elle représente surtout une revendication politique de minorités au sein d’une société d’un point de vu politique. D’un point de vu plus analytique, elle se concentre sur l’appartenance de l’individu à un ou plusieurs groupes sociaux. Le problème de cette approche, c’est qu’elle ne parle pas de l’individu ni de son libre arbitre. Elle ne représente l’individu que dans un ensemble social, soumis à des logiques de classes, d’oppresseur/opprimé, de patriarcat, etc. Et cela pose particulièrement un problème, d’après moi, dans la définition de la responsabilité personnel. Si une personne, ne peut agir que dans un cadre de groupe social, il en perd sa liberté personnelle d’agir et sa responsabilité en tant qu’individu. On peut l’observer quelque fois dans la culture de victimisation dans laquelle un certain nombre de personnes tombent. Oui, l’individu est soumis à sa logique de son identité sociale, mais pas que.

De l’autre côté, en direct opposition se trouve des revendicateurs de l’individualisme. Au détriment du groupe, ils privilégient les droits de l’individu. L’individualisme a l’avantage de rendre responsable l’individu pour ce qu’il est et devient et lui donne son avenir entre les mains. Le problème est qu’il sous-estime, ou va quelque fois jusqu’à supprimer toute notion de groupe, d’environnement socio-économique. Cela pose un problème énorme lors de d’une analyse sociétale puisque les études montrent l’influence de l’environnement sur l’individu, tant au niveau de la psychologie de l’individu que sur son parcours de vie.

Ces deux vues et leurs partisans sont particulièrement polarisés fortement, de part leur nature très politique de leur vision du monde. Cela empêche d’avoir une vision commune des deux approches, l’une de l’individu et l’autre de du groupe social et malheureusement, les deux camps y perdent.

 

La crise de la masculinité, quid des hommes?

Les débats autour de la crise de la masculinité tournent souvent autour du fait si cette crise existe belle et bien. Les uns argumentent qu’il n’y a aucune crise, l’homme se porte comme un carme. Les autres que l’homme est en perte de repères, en argumentant notamment que la faute en revient au féminisme. Je pense cependant qu’il y un sujet qui n’est jamais abordé : c’est que les hommes seraient lésés du fait qu’on ne parle pas d’eux, qu’on ne s’occupe pas d’eux. Le féminisme aide les femmes à se trouver une identité. De nombreux débats et discussions ont lieu pour savoir ce que cela veut dire être une femme, quelle est sa place dans la société, … De plus un processus d’empowerment a accompagné les femmes depuis de nombres décennies. De nombreux projets et d’associations à travers le monde visent à aider les femmes dans leur quotidien, dans leur vie et dans condition de femme. Or rien de semblable n’est fait pour les hommes. Pas d’association, pas de projet, rien ne vise essentiellement les hommes dans leur quotidien, leur vie ou leur condition d’homme.

Oui, la condition des femmes est souvent pire que celle des hommes et mérite plus d’attention. Oui, il existe un sexisme structurel qui tends à éloigner les femmes des systèmes de direction dans les pays ou les entreprises. Mais cela ne veut pas dire que les hommes n’ont pas de problème intrinsèque à leur condition. Ou qu’ils ne se posent pas non plus la question de qu’est-ce qu’être un homme ou comment se construire en tant qu’homme. Certains problèmes concernent principalement les hommes, comme le suicide, la garde d’enfants, les sans-abris….

Je pense qu’une partie de la crise de la masculinité, et/ou une partie de la critique envers le féminisme vient de là. Du manque d’empowerment des hommes. Surtout qu’il y a quelque peu une sorte de jeu de vases communicants entre l’empowerment des femmes et l’inverse chez les hommes. Je ne dis pas ici que les hommes subissent la même condition sociale que les femmes ou qu’il ne faille pas s’occuper des femmes en premier lieux et je suis d’accord qu’il y a encore beaucoup de travail à accomplir pour améliorer la condition de la femme. Mais il y aussi des problèmes inhérents à la condition d’homme qui ne sont aujourd’hui pas présent dans le débat public et trop peu prit en compte par les services sociaux. S’occuper des femmes ne veut pas dire ne pas s’occuper des hommes.

L’après Coronavirus

Le coronavirus montre une chose essentielle : que la nature avait besoin d’une pause de l’Homme. De l’eau de Venise à l’air de Pékin, la nature reprend sa place et cela relativement rapidement. Cela fait énormément de bien. A la nature tout d’abord, mais à l’humanité aussi, pour qu’elle se rappelle la place qu’elle emprunte à la planète. Ce qui sera intéressant, c’est de voir ce qu’il va se passer après la pandémie, les choix que nous allons prendre.
Toutes les mesures prisent durant cette crise-ci montre une chose : que l’on peut changer notre mode de vie. Les politiciens ont pris leurs responsabilités, les entreprises également, de mêmes que les gens, les citoyens pour la plupart jouent le jeu et cherche ensemble à lutter contre la pandémie. J’en suis le premier étonné et cela me fait me poser la question de notre responsabilité face au réchauffement climatique. Si l’on peut se mobiliser, en tant que société en englobant tous les acteurs, alors quid du réchauffement climatique ? Ne pourrait-on pas résoudre le problème avec la même volonté ?
On peut argumenter que dans le cas d’un virus c’est différent. L’urgence n’est pas la même, la temporalité beaucoup plus réduite, et la plupart des mesures sont temporaires et donc il est plus facile que les entreprises et les citoyens les acceptent. On peut aussi dire que la situation touche tous les pays de manière un peu près égale, au contraire du réchauffement climatique. On peut aussi ajouter que quelques moins d’arrêt et l’économie mondiale sera déjà en récession. On peut le dire. Mais cela ne change rien au fait que pour une fois, l’humanité a lutté ensemble et de concert sur un fléau mondial. Pour moi cela change tout. C’est donc à nous, citoyens, mais aussi aux politiques et entreprises, de décider une fois que cette pandémie sera finie, de l’après coronavirus et de quoi faire. Il nous faut choisir, ensemble et avec la même volonté, de comment s’attaquer à un autre fléau, bien plus complexe et destructeur : le réchauffement climatique.

La poésie dans les sciences

En 1917, Max Weber parlait de désenchantement du monde. Depuis plusieurs philosophes et penseurs on critiquer la sécularisation du monde et de la société comme une perte du mysticisme du monde. Pour Friedrich von Schiller on peut même faire remonter la disparition des dieux dans le monde au début du monothéisme. Il est vrai que si l’on suit l’Histoire, il y a une disparition de la déification du monde, de l’animisme au polythéisme, du polythéisme au monothéisme et du monothéisme à la laïcité. Mais cette sécularisation du monde pour moi ne s’accompagne pas d’un d’désenchantement du monde ni ne s’accompagne d’un manque de mystification du monde.

Tout d’abord je dirais que l’être humain est toujours présent. Avec celui-ci s’accompagne toujours d’un besoin de créer une narration de la vie, d’explications plus ou moins logique du monde – quelles mystiques ou scientifiques. La morale reste présente et prends toujours une place importante, qu’elle soit d’une table de commandement que Dieux aurait écrit ou d’un existentialisme sartrien. L’Homme a toujours des peurs et de l’espoir qui doivent être dissipées ou bien au contraire nourrit. De la même manière, toutes les histoires de sciences et de techniques s’accompagnent d’histoire d’Hommes. Marie Curie, Albert Einstein, Nicolas Tesla, Steve Jobs…. Tous ces noms s’accompagnent de légendes et sont entrés dans la mythologie contemporaine.

Oui le monde paraît plus scientifique. On parle de chiffres et de statistiques quand on parle de peuples et de pays et l’on parle de business plan et d’études marketing quand on parle de la plupart des entreprises humaines contemporaines. Mais ceci n’est finalement que peut de choses en comparaison de l’aventure humaine tout autour de cela. Les gens ne fondent par une boîte pour des chiffes et un profil LinkedIn. Mais pour ce que cela représente, pour que ces chiffres représentent. Leur envie et leur passion sont les mêmes que du temps des Dieux. On a remplacé la Bible par un bilan comptable, le Salut de l’Âme par le progrès. Mais une messe n’est pas moins séculaire ni plus spirituelle qu’un business plan. L’important, la spiritualité, vient de ce que l’on projette dans ce rituel. Qu’il soit composé de graphiques ou de versets.

Les sciences et techniques ne sont que sciences et techniques. L’Univers n’es pas moins ou plus spirituel qu’avant. On a échangé les mots dieux par biologie et chimie, anges par smartphones. Cela n’empêche pas les étoiles de briller comme avant. Qu’on les appelle Scorpion ou nébuleuse, l’Homme trouve toujours autant de poésie dans le ciel.

De l’approche de l’Histoire

L’Histoire est souvent présentée avec de grandes dates, de grands noms et séparée en périodes de temps. Cela revient à quantifier l’Histoire, à la prendre comme une suite de faits plutôt que comme un flux continu. L’Histoire comme science a pour but d’étudier les faits et événements passés et donc par définition se doit de faire se travail de quantification. Mais il convient de rappeler que ce processus transforme l’histoire, la matière première, pour la rendre digestible par les historiens et cela mène à une vision quelque peu tronquer de l’histoire. Je ne dis pas qu’il y a un autre moyen d’approcher l’histoire, mais il faut ne pas oublier ce processus.

C’est important parce que cela peut conduire à se concentrer et à uniquement se focaliser sur les événements et personnages principaux. A ne regarder uniquement les dates importantes on en oublie le reste, les dates moins importantes, les événements plus petits. Cela se rapproche de la question « Est-ce les grands hommes qui font l’Histoire ou est-ce le peuple ? ». Je ne pense pas que ce sont les personnages historiques ou les événements qui font l’Histoire, mais ils servent de repères pour focaliser des tendances et soutenir de manières tangible l’étude de l’histoire.

Le problème est que l’on tend du coup à se concentrer sur ses événements importants et, notamment dans le travail de vulgarisation de l’Histoire, on en oublie totalement le reste. C’est-à-dire que le flux continue qu’est l’Histoire disparait au détriment de cette quantification de personnes et de faits. De plus, la mise en évidence de tel ou tel fait historique ou de personnalités à tendance à être dictée par la situation politique du moment. Par exemple, lors de la création de l’état nation, une partie importante des historiens s’est concentré sur la création et la mise à jour des mythes nécessaires à une nation pour exister.

Il est nécessaire de garder en tête ce qu’est l’Histoire pour ne pas se perdre dans une propagande quelconque et ne pas oublier que ce n’est pas seulement ce qu’on observe en Histoire, les faits et personnes, mais bien un flux du passé qu’on ne peut que quantifier.