Parler Politique, Argent et Religion

Il ne faut pas parler de politique, argent et religion. C’est une règle de vie que l’on nous apprend étant petit pour les repas avec les amis, en famille ou plus généralement lorsque l’on est en société. Cela pour éviter d’avoir des repas houleux, des amitiés ou familles brisées. Tout le monde à en tête le fameux dessin de presse sur l’affaire Dreyfuss.

Cependant pour moi cela représente l’antithèse de la démocratie.  L’idée d’une société démocratique est basée sur le dialogue des différents acteurs autours des divers sujets politiques. L’argent et la religion en font bien évidement partie. Je pense également que pour qu’une société soit démocratique, le dialogue doit être présent et encouragé. Un dialogue sans tabou. Cette philosophie de restreindre le dialogue, qui plus est lorsqu’il est le plus important – lors de repas, de rencontres avec d’autres citoyens, est dommageable pour le dialogue citoyen et démocratique.

Il est vrai que l’idée est qu’il faut préserver la paix du moment parce que ces sujets-là sont des sujets qui « fâches ». Mais justement, le fait même que ces sujets rendent les gens hystériques n’est-il pas une preuve de leur importance comme sujets de débat ? Et de la forte sensibilité que les individus ont avec ceux-ci ? L’importance de les aborder y est d’autant plus forte.

Je sais que les risques que la discussion tourne au vinaigre est sérieuse. C’est pourquoi l’encouragement de la discussion de ces thèmes doit se faire dans le respect de l’autre, l’acceptation de la contradiction et la volonté d’apprendre plus de celui avec lequel on n’est pas d’accord. La chose devrait même être enseigné, au lieu de promouvoir le silence et rendre certains sujets tabous.

Une société au sein de laquelle aborder la politique, l’argent et la religion lors des repas ou réunions sociales, sans tabous, serait une société plus libérée dans sa parole, plus démocratique et plus saine.

La religion par un athéiste

Je suis d’une culture scientifique depuis tout petit, alors bien évidement j’ai toujours eu un rejet ferme de la religion. La notion de croyance en un dieu puissant me paraissait stupide et les histoires chrétiennes pas très intéressantes. Même avec un peu de catéchisme, je n’y trouvais rien d’intéressant mise à part le côté culturel. En essayant d’en parler autour de moi, je n’ai malheureusement trouvé que des personnes qui, soit rejetaient la religion et tout ce qui va avec en argumentant que c’était du n’importe quoi, ou des personnes disant que chacun peut croire ce qu’il veut et qu’il ne faut laisser tranquille les croyances des gens. Je trouve que cela est vraiment un problème, rejeter tout un système complexe et s’étalant sur des centaines d’années parce qu’on en rejette les prémisses est particulièrement stupide. On peut toujours apprendre plein de choses de quelque chose malgré notre désaccord. Pour le second argument, c’est presque tout aussi insultant pour la culture de vouloir juste la laisser dans un coin et ne pas s’y intéresser au-delà d’une sorte de respect poli.

Le problème est que les religions sont très complexes et l’interprétation des textes ou rituels change avec le temps. Et dans tout cela, il y a beaucoup à apprendre, sur soi, sur la vision de la vie qu’elles peuvent proposer et sur des leçons de vie dont on a toujours besoin. C’est vraiment dommage de passer à côté d’une telle richesse. Bien sûr il y un certain nombre de choses qui sont désuètes et qui apparaissent aujourd’hui comme racistes ou sexistes. Il faut faire un choix dans ce que l’on prend et apprends des religions. Mais elles ont encore beaucoup à nous apprendre encore aujourd’hui.

Las religions sont apparues comme réponse au besoin spirituel de l’Homme d’avoir un guide moral et une mythologie qui disent d’où il vient. Aujourd’hui je pense qu’on se trouve dans une impasse dans laquelle la vision humaniste est de moins en moins pertinente, l’approche scientifique peine sérieusement à répondre à nos questions et un regard sur ce que propose la religion peut nous apporter beaucoup.

La poésie dans les sciences

En 1917, Max Weber parlait de désenchantement du monde. Depuis plusieurs philosophes et penseurs on critiquer la sécularisation du monde et de la société comme une perte du mysticisme du monde. Pour Friedrich von Schiller on peut même faire remonter la disparition des dieux dans le monde au début du monothéisme. Il est vrai que si l’on suit l’Histoire, il y a une disparition de la déification du monde, de l’animisme au polythéisme, du polythéisme au monothéisme et du monothéisme à la laïcité. Mais cette sécularisation du monde pour moi ne s’accompagne pas d’un d’désenchantement du monde ni ne s’accompagne d’un manque de mystification du monde.

Tout d’abord je dirais que l’être humain est toujours présent. Avec celui-ci s’accompagne toujours d’un besoin de créer une narration de la vie, d’explications plus ou moins logique du monde – quelles mystiques ou scientifiques. La morale reste présente et prends toujours une place importante, qu’elle soit d’une table de commandement que Dieux aurait écrit ou d’un existentialisme sartrien. L’Homme a toujours des peurs et de l’espoir qui doivent être dissipées ou bien au contraire nourrit. De la même manière, toutes les histoires de sciences et de techniques s’accompagnent d’histoire d’Hommes. Marie Curie, Albert Einstein, Nicolas Tesla, Steve Jobs…. Tous ces noms s’accompagnent de légendes et sont entrés dans la mythologie contemporaine.

Oui le monde paraît plus scientifique. On parle de chiffres et de statistiques quand on parle de peuples et de pays et l’on parle de business plan et d’études marketing quand on parle de la plupart des entreprises humaines contemporaines. Mais ceci n’est finalement que peut de choses en comparaison de l’aventure humaine tout autour de cela. Les gens ne fondent par une boîte pour des chiffes et un profil LinkedIn. Mais pour ce que cela représente, pour que ces chiffres représentent. Leur envie et leur passion sont les mêmes que du temps des Dieux. On a remplacé la Bible par un bilan comptable, le Salut de l’Âme par le progrès. Mais une messe n’est pas moins séculaire ni plus spirituelle qu’un business plan. L’important, la spiritualité, vient de ce que l’on projette dans ce rituel. Qu’il soit composé de graphiques ou de versets.

Les sciences et techniques ne sont que sciences et techniques. L’Univers n’es pas moins ou plus spirituel qu’avant. On a échangé les mots dieux par biologie et chimie, anges par smartphones. Cela n’empêche pas les étoiles de briller comme avant. Qu’on les appelle Scorpion ou nébuleuse, l’Homme trouve toujours autant de poésie dans le ciel.

Le péché originel

La sécularisation de la société a conduit à une perte d’une certaine sagesse présente dans les textes sacrés des religions. Sous le langage ésotérique et parfois relativement très obscure de ces textes, il s’y trouve plusieurs concepts intéressants qui malheureusement ne sous plus appris, ni même enseignés aujourd’hui. Je vais essayer d’en évoquer certains qui me vienne à l’esprit dans plusieurs textes.

 

Le premier d’entre eux est le mythe chrétien du péché originel. Celui est particulièrement passionnant sur sa condamnation directe et sans appel de la condition humaine : l’Homme a chu du paradis et depuis ne peut que se racheter. C’est peut-être un constat un peu sombre de la condition humaine mais il a l’avantage de vouloir montrer, à mon avis, à l’Homme de devoir être humble. Il doit se considérer comme n’étant pas parfait et devant s’améliorer. Ceci sur le plan moral.

Je trouve que cela va à l’encontre de l’humanisme qui a tendance à placer l’homme sur un piédestal, arrivant à la conclusion qu’il peut se juger lui-même. Ceci cause une dynamique qui dérive sur le fait que les individus on tendance par la suite à se juger bon. Si l’on peut se juger soi-même à quoi bon se juger mauvais, autant être bon. Je ne pense pas que cela soit une attitude constructive moralement. D’une part, parce que cela n’aboutit à rien de constructif – cela ne va pas dans le sens d’une remise en question permettant une certaine amélioration morale. Deuxièmement, cela permet d’entrer dans la pente d’excuser n’importe quel position morale – un certain relativisme moral dans lequel tout est permit puisque on peut se permettre soi-même.

Le mythe du péché originel aurait pour moi la vertu, comme je l’ai dit plus haut, d’humilité. De rappeler que moralement on est loin d’être parfait – ce qui est presque impossible d’être – mais que l’on possède des tares sur lesquelles il faut travailler. Ce qui contraste avec une philosophie plus humaniste et individualiste. Je ne dis pas qu’il faut aller dans le sens contraire, de devenir pénitent à plein temps, mais de l’utiliser pour gagner en humilité. Une humilité qu’il me semble perdue.