Les romains parlent de la lumière de Rome face aux barbares. L’Europe a parlé d’abord d’instaurer la chrétienté face aux païens, puis la lumière de la civilisation occidentale face aux peuples non-développés. Aujourd’hui encore le discours est celui du développement face à la barbarie. Il vaut mieux avoir un peuple sachant lire et écrire qu’analphabète. Il vaut mieux avoir un imposant PIB qu’un petit et être un « pays en voie de développement ». On classe les pays en usant des facteurs macro-économiques qui montrent bien la position humaniste du monde. La logique qui se prétend universelle et construite par l’occident des droits de l’Homme prétends détenir les clés du bonheur humain.
Sans entrer dans une logique du choc des civilisations, il faut reconnaître que cette logique de développement est l’héritière directe de la volonté d’expansion occidentale d’apporter la bonne parole au monde. Les droits de l’Homme sont d’ailleurs explicitement universels par leur définition. Les autorités mondiales de gouvernance et de référence, comme la Banque Mondiale par exemple, suivent la même logique universaliste.
Ces critiques et observations ne sont pas nouvelles. Et d’ailleurs les arguments qui accompagnent ce discours sont les mêmes que ceux d’avant. On dit que l’histoire est un éternel recommencement, mais je ne pense pas que cela soit le cas ici. Pour moi, on a juste affaire à la même idéologie, seulement transformée pour mieux s’accaparer de la robe de la moralité dominante, qui cherche à s’imposer comme la seule et vraie voie à suivre pour le monde. Ce qui m’impressionne toujours, ce que cela manque toujours de la même chose, cela manque d’humilité qui rendrait la chose bien plus agréable, moins totalitaire et surtout plus humaine.