Une chose que j’ai remarqué dans plusieurs mouvements sociaux, c’est la condamnation pure et dure de ce que le mouvement à définit comme ennemi. Si on prend le mouvement #metoo, par exemple, celui-ci a condamné directement et instantanément toute personne accusée par le mouvement. Aucune attente d’une quelconque décision de justice, ou de laisser la personne en face répondre aux accusations, elles étaient condamnées en avance. Je ne dis pas que les accusés, surtout dans le cas de #metoo sont innocents, mais la condamnation en place publique, sans qu’un jugement judiciaire soit rendu, à quelque chose de similaire à la levée de fourches et de torches au Frankenstein de 1931.
Il est vrai que beaucoup de ces mouvements, surtout au début et, par la suite, lors qu’ils commencent à accaparer un certain intérêt médiatique, sont tout d’abord des moments pour libérer la parole et permettre une forme de débat public. Dans le cas de #metoo, la grande avancé a été de libérer la parole. Il peut d’ailleurs être nécessaire de faire beaucoup de bruit au début, quitte à sacrifier la justice, pour pouvoir faire avancer le mouvement.
Cependant, je pense que pour qu’un progrès soit fait – un réel progrès, c’est-à-dire un changement profond et durable dans les mentalités et les comportement – il faut qu’une réelle discussion soit mise en place qui mène à une compréhension du problème. Si on prend à nouveau le cas du mouvement #metoo, aucun n’effort n’a été mis en place pour comprendre, ou du moins avoir l’avis des «ennemis » du mouvement. Rien n’a été fait pour donner la parole aux hommes, de manière générale, pour qu’ils s’expriment. Je sais que le but premier du mouvement est de libérer la parole des femmes ayant été agressé sexuellement. Mais par la suite, la parole des hommes est essentielle si l’on cherche à résoudre le problème. Les rapports hommes/femmes sont très complexes et extrêmement subjectifs et pour chercher à les modifier il faut avant tout les avoir compris. Ou du moins avoir l’avis de tout les concernés. C’est d’autant plus important dans ce cas parce que l’on demande a une partie significative de la population de se remettre en question. Cela ne peut qu’être fait, à mon avis, qu’avec un dialogue et l’inclusion de tous les acteurs.
Je sais que cela est beaucoup plus difficile à mettre en place, cela requiert bien plus de ressources, humaines et financières, et c’est pour cela que c’est d’autant plus important. Travailler à résoudre un problème passe par la compréhension et par l’analyse du dit problème pour pouvoir le résoudre. Il ne faut pas l’oublier que souvent le plus dur reste devant soi.